Faire des photos osées

Le photographe… Ce coquin de photographe…

Photographe de mode ou photographe de charme, le regard d’esthète d’Hedi Slimane ou l’œil un tantinet lubrique de John B Root ? Quel genre de photographe l’homme ordinaire rêve-t-il d’être ? Sans succomber à la grivoiserie et à la vulgarité, celui qui s’imagine photographe souhaite se draper de professionnalisme pour cautionner son penchant fripon. Il commencera sa carrière en amateur, en captant des sujets anodins, se prendra d’une passion grandissante jusqu’à ce qu’il propose à sa petite amie ou épouse quelques portraits inoffensifs.

De fil en aiguille, notre photographe amateur deviendra toujours plus exigeant envers lui-même jusqu’à se rendre plus exigeant envers ses modèles. Et c’est ainsi que madame sera sollicitée pour quelques clichés de nu. « Oh, juste des photos comme ça, sans le visage, Chérie, si tu préfères, je t’assure ce sera pour fun, rien d’autre, promis ma puce… » Sans l’avouer, la Chérie en question adorera jouer les mannequins devant l’objectif. Puis les poses vont se diversifier, des scénarios apparaîtront, des mises en scène de plus en plus chaudes, le corps de plus en plus offert, peut-être même exposé de façon un peu provocateur, un peu salace.

Le photographe garde le pouvoir sur son modèle. C’est lui qui dicte les poses à observer, qui contorsionne le corps, qui impose le maquillage, les vêtements, les dessous. Il a donc à sa disposition une poupée qu’il peut habiller et faire bouger selon ses caprices. Jouer les photographes, c’est exprimer son désir refoulé de jouer avec Barbie, et d’avoir la maîtrise sur elle, de la posséder. Nous sommes ici dans une relation de dominant/dominé, qui provoque chez l’homme une excitation sexuelle très intense parce que le photographe se place dans une position de créateur, il façonne son sujet, il l’embellit, il lui donne une identité, il reste le maître absolu de sa créature !

Après, car il y a souvent un après malgré les promesses, ces jolies photos se retrouveront (peut-être, peut-être pas) sur un site libertin ou sur un profil perso via un réseau social. Et monsieur se réjouira non seulement de les mater, mais d’en faire profiter les autres. À défaut d’exposer ses œuvres dans une galerie d’art, il convient de les exhiber pour le plaisir des yeux de tous !